Economie et emploi des frontaliers : des perspectives positives malgré une période incertaine

La Suisse et son marché de l’emploi n’ont jamais autant attiré les frontaliers ! Dans une période internationale à la fois morose sur le plan économique et incertaine sur le plan politique, la Suisse continue de séduire et de résister, grâce à la stabilité et à la résilience de son économie.

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Arthur Scotti, chargé d'études économiques au credit agricole

Retour sur les principaux indicateurs économiques de ce 1er semestre, avec Arthur Scotti, chargé d’études économiques au Crédit Agricole.

 

Forte hausse des travailleurs frontaliers dans le canton de Genève

Du jamais vu depuis 2004 ! Avec une hausse du nombre de frontaliers à Genève de + 4,7 % au premier trimestre 2024 (soit environ +5 000 frontaliers), le canton de Genève confirme plus que jamais son pouvoir d’attraction sur les travailleurs français. Au niveau national, la hausse est plus mesurée avec +1,4 %.

Concernant le taux de chômage en Suisse, après une hausse au premier trimestre 2024, ce dernier revient sur ses niveaux de décembre, et reste quasi stable (2,3 % en Suisse et 4,3 % à Genève).

Baisse des taux de la Banque Nationale Suisse

La Banque nationale suisse (BNS) a récemment abaissé ses taux directeurs, confirmant ainsi sa position de leader dans le cycle mondial d’assouplissement monétaire en cours. Ce n’est pas vraiment une surprise, même s’il est vrai que les avis des observateurs étaient partagés quant à cette nouvelle baisse.

Il semblerait que les soubresauts électoraux en France (européennes, dissolution de l’Assemblée nationale) aient poussé la BNS à agir rapidement. La Banque centrale européenne (BCE) a également réagi avant la Banque centrale américaine (FED), avec une réduction de ses taux directeurs de 25 points de base, qui devrait voir l’euro se dévaloriser par rapport au dollar US.

une pièce de franc suisse et une courbe d'évolution

Une période incertaine et un cours du CHF à surveiller

La BNS, qui intervient sur le franc suisse via ses réserves de change, voyait son cours de change naviguer entre 0,96 et 0,99 depuis mars. L’appréciation récente du franc suisse ne semble pas être étrangère à cette décision de baisser les taux.

Dans une année 2024 qualifiée de « super électorale », à la vue des nombreuses élections (américaines, européennes, indiennes, etc.), la dissolution de l’Assemblée nationale française a ouvert une période d’incertitude et de volatilité : le franc suisse valeur refuge s’est ainsi tout de suite apprécié face à l’euro, favorisant ainsi les travailleurs frontaliers. Mais jusqu’à quand ? Les résultats du 7 juillet apporteront la réponse, au moins temporairement. Nul doute cependant que le cours de change €/CHF devrait rester aux alentours de 0,95 en attendant les résultats.

Si le CHF devait à l’avenir continuer à s’abaisser, il est fort probable que la BNS intervienne à nouveau sur le marché des changes pour ne pas pénaliser l’économie Suisse et les exportations.

Une croissance toujours faible

Les prévisions économiques indiquent une croissance modérée à court terme, mais une reprise progressive est attendue à moyen terme. Selon le groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles, la croissance de la Suisse en 2024 devrait être inférieure à la moyenne, avec un PIB corrigé des événements sportifs estimé à 1,2 %. Cependant, une reprise progressive de l’économie mondiale en 2025 devrait stimuler la croissance, avec une prévision de 1,7 %.

La BNS anticipe de son côté une croissance d’environ 1 % en 2024 et d’environ 1,5 % en 2025, la pression inflationniste ayant diminué, avec un niveau d’inflation qui devrait se situer autour de 1,3 % cette année, avec des prévisions de 1,1 % en 2025 et 1 % en 2026.

drapeau suisse sur fond de graphiques économiques